D’après un communiqué de presse de l’Ong Conservation Justice, les principaux instigateurs de ce réseau international qui ont pu être arrêtés sont les nommés Gaël Ngangni Ibrahim, Guy Bertrand Evouna, Tonga Assouman, ainsi que sept de leurs présumés complices. « L’affaire a connu un rebondissement au niveau international avec l’arrestation au Nigéria de sieur MOHAMADOU Ibrahim, chef d’orchestre présumé de ce réseau de trafic d’ivoire entre le Gabon, le Cameroun et donc le Nigeria », précise le communiqué.
Le procès est d’autant plus d’actualité qu’il est marqué par l’arrestation en février dernier à Mfum par la Douane nigériane de M. Ibrahim Mohamadou, connu comme un trafiquant d’ivoire et présenté comme le principal cerveau de ce réseau de trafiquants d’ivoire opérant entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria depuis plusieurs années. Au moment de son interpellation, le mis en cause était en possession de 52 défenses d’ivoire pesant près de 200 kg, d’un pistolet et des munitions réelles.
Incursion au sein d’un réseau huilé et à plusieurs ramifications
Les informations concordantes rendues publiques par Conservation Justice font état de ce qu’Ibrahim Mohamadou a déjà été arrêté par le passé au Cameroun en 2020 avec plus de 600 kg d’ivoire en provenance du Gabon, en majorité. Sa condamnation au Cameroun d’à peine trois mois de prison ferme n’a pas suffi à le dissuader. Il a en effet été dénoncé par les trafiquants arrêtés au Gabon en août 2023 et arrêté de nouveau au Nigeria en 2024. « Certains des ivoires saisis au Cameroun en 2020 étaient marqués comme étant des anciennes saisies qui provenaient des scellés du Tribunal de Libreville, ce qui montre les implications et complicités qui peuvent exister », précise le communiqué de presse.
L’affaire remonte à août 2023 lorsque consécutivement à Lambaréné et Makokou, les antennes provinciales de la Police Judiciaire, les directions provinciales des Eaux et Forêts et la direction de la lutte contre le braconnage des provinces du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué-Ivindo, appuyées par l’Ong Conservation Justice, ont mis la main sur Gaël Ngangni Ibrahim, Guy Bertrand Evouna (déjà arrêté par le passé pour trafic d’ivoire), Tonga Assouman (déjà arrêté par le passé pour trafic d’ivoire), Fabrice Mpizeloube, Patrice Abene Ndoume et Zoulaoube, Thierry Ivary, Guy-Roger Sandou et Romaric Andele, tous soupçonnés de faire partie à différents niveaux de ce réseau international organisé de trafic d’ivoire qui opérait entre le Gabon, le Cameroun et le Nigeria.
21 défenses d’éléphants et quatre morceaux d’ivoire saisis au Gabon
Pris en flagrant délit de détention et transport illégal des pointes d’ivoires et de munitions en août 2023, de cumulativement 21 défenses d’éléphants et quatre morceaux d’ivoire pour un poids total de 131 kg, ces trafiquants et braconniers ont joué un rôle actif dans la collecte, la vente, l’intermédiation et le braconnage des éléphants au Gabon, confie Conservation Justice. Outre les provinces du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué-Ivindo, celles de la Nyanga, de la Ngounié, du Haut-Ogooué, du Woleu-Ntem et de l’Estuaire sont concernées. « En résumé, ce réseau international opérait sur presque tout le Gabon », apprend-t-on.
En plus du procès du 31 mai prochain, Ibrahim Mohamadou devrait être jugé au Nigeria où il a été arrêté pour un autre cas, et il est à espérer que les autorités judiciaires nigérianes seront plus strictes que celles du Cameroun en infligeant des décisions de justice plus dissuasives, comme c’est généralement le cas au Gabon. Conformément aux dispositions légales en vigueur au Gabon, les présumés trafiquants d’ivoires encourent une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans selon les articles 390 du Code pénal, pour avoir détenu et tenté de vendre l’ivoire sans autorisation préalable de l’administration des Eaux et Forêts. Ces peines peuvent doubler dans les conditions prévues par l’article 396 du Code pénal gabonais s’il est prouvé que les trafiquants faisaient partie d’une bande organisée. « Cela semble être le cas ici, puisque plusieurs personnes sont impliquées régulièrement et que les méthodes utilisées sont sophistiquées comme l’atteste le transport des ivoires au moyen des véhicules modifiés avec des compartiments secrets aménagés », martèle Conservation Justice. Non sans insister sur le fait que les responsables de la justice gabonaise, camerounaise et nigériane doivent veiller à stopper le massacre d’éléphants et ce trafic international organisés par des personnes étrangères en complicité avec des Gabonais.